Marchés financiers français après les élections: Moins de risques extrêmes, mais toujours des risques élevés

10 juillet 2024

Quelques réflexions personnelles rapides maintenant que les législatives sont derrière nous, avec un résultat important : aucun groupe politique ne dispose de la majorité absolue. On a donc, du point de vue des marchés financiers, évité le pire, c’est à dire un changement drastique de politique économique hors de l’orthodoxie de marché. La situation actuelle perdure et permettra à l’Etat français de continuer d’emprunter 300 milliards€ par an sur ces mêmes marchés financiers. Le risque extrême d’une fermeture des marchés semble aujourd’hui évité.

Cette situation présente pourrait elle être remise ne cause ? Et amener donc une forte secousse sur les marchés ? Je crois qu’il faut raisonner en deux temps.

Une première étape menant à une impasse et à une forte volatilité de marché

Dans une première étape, le prochain gouvernement va essayer de mettre en place une politique de gauche, le Nouveau Front Populaire (NFP) cherchant à gouverner seul. C’est en ce sens que J.L.Mélenchon a parlé dimanche soir, en évoquant l’application du programme de la gauche, tout le programme de la gauche quitte à l’appliquer par décret. Il n’est pas sûr que cette tendance soit dominante aujourd’hui dans le NFP. C’est en ce sens que O.Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, affirme mardi être prêt à assumer la responsabilité de gouverner. Si un nouveau gouvernement du NFP est trop radical, avec de nouvelles dépenses sociales non financées par exemple, et qu’il se coupe du centre par exemple avec des hausses d’impôts trop fortes, une censure au parlement sera probable. Et elle s’accompagnera d’une période de tension sur les marchés. Est il possible que le prochain gouvernement échappe à cette étape de test du parlement et des marchés financiers? Compte tenu des dernières déclarations des membres du NFP, rien n’est moins sûr! De plus, tôt ou tard, le nouveau gouvernement devra faire face à un vote de confiance au Parlement.

Une deuxième étape avec une majorité modérée et une situation de marché vers la normalisation

Dans une deuxième étape, puisque personne n’a de majorité et que le pays est dans une impasse, il faudra bien négocier, faire des compromis, dégager une majorité modérée. Blocage du parlement et pression des marchés financiers rendent cette deuxième étape inéluctable, selon moi. L’histoire politique française, et le peu de modération de la classe politique actuelle font que l’on a du mal à voir quel gouvernement modéré pourrait émerger de ces législatives. Comme les média ne cessent de le dire, partout en Europe, les compromis et les coalitions sont la norme. Il n’y a qu’en France où cela n’existe pas. Cela devrait changer dans les prochains mois avec l’émergence de nouveaux visages politiques, enfin on peut l’espérer.

Pour les marchés financiers, l’étalon du risque reste le spread OAT vs Bund (écart de rendement entre obligations 10 ans française et allemande ) dont voici le graphique depuis un an.

Ce spread est monté jusqu’à 80 points de base avec la dissolution. Puis, il a baissé lorsque les sondages ont montré l’absence de majorité absolue du Rassemblement National. Au moment de l’écriture de ce papier, le spread OAT Bund est remonté à 69 points de base mardi 9 juillet fin de journée . En cas de test et de tension réelle, il devrait dépasser les 100 pb, et le CAC baisser sensiblement (il n’est en baisse «que» de 1,8% aujourd’hui 9 juillet à 7490 points). C’est mon scénario de base.

Bref, les prochaines semaines vont être intéressantes avec de la volatilité et surtout l’émergence d’une nouvelle façon de gouverner sous contraintes multiples, comme toujours : les contraintes aujourd’hui sont l’absence de majorité, des finances publiques en mauvais état-et donc une pression forte des marchés financiers- et un populisme montant auquel il faut bien apporter une réponse.

Je n’ai pas encore remis mes liquidités au travail. J’avais levé le pied avant les législatives, et je pense qu’il est urgent d’attendre. Je serais surpris que cette deuxième étape rassurante se produise avant la rentrée de septembre. L’été devrait être chaud !

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