Bonnes nouvelles économiques= mauvaises nouvelles pour les marchés financiers

19 septembre 2022

Des lecteurs de Broviews.fr novices sur les marchés financiers m’ont demandé un commentaire rapide pour interpréter les mouvements de marchés actuels. Nous sommes depuis quelques semaines dans une phase très particulière : de bonnes nouvelles économiques -ou simplement meilleures que prévues- sont perçues comme de mauvaises nouvelles de marché amenant une baisse des actions, une hausse des taux (donc baisse de la valeur des obligations) et un rebond de volatilité.

Il s’agit avant tout de données économiques américaines. Le rapport sur l’emploi publié début septembre a été meilleur que prévu ; il montre que le plein emploi perdure, les créations d’emplois restent solides et les salaires augmentent comme prévu à un rythme de +5% l’an. L’inflation (prix à la consommation) a baissé grâce à la baisse des prix du pétrole mais moins que prévu à cause des hausses de prix surtout dans les services (core inflation trop rapide). Même chose pour les prix à la production publiés le 14 septembre, en baisse mais pas assez. Enfin, les ventes au détail publiées le 15 ont été supérieures aux attentes, encore en hausse, montrant un consommateur américain tonique. Les données hebdomadaires sur le marché du travail demeurent fortes.

L’inflation américaine risque bien de durer, personne n’est sûr qu’elle a déjà fait son pic ; au contraire beaucoup pensent que son momentum est trop fort

Les marchés financiers anticipent

Les marchés anticipent que la banque centrale américaine sera obligée de resserrer sa politique monétaire davantage que prévu et pour une durée plus longue.  En conséquence, la Fed risque de créer la prochaine récession. Ce mécanisme se retrouve dans la courbe des taux : puisque la Fed va très probablement augmenter ses taux officiels de 75 points de base le 21 sept, -pour la 3éme fois consécutive, du jamais vu ! – les taux à 3 mois seront bientôt plus élevés que les taux à 10 ans, les marchés obligataires anticipent clairement une récession américaine dans les 12 prochains mois. Pour rappel, je suis un fan du modèle de la Fed de New York qui permet de quantifier les probabilités de récession à partir de la courbe des taux 3mois/ 10 ans, modèle que l’on trouve facilement sur son site.

Cette anticipation de récession est générale ; en Europe, on ne parle que de la hausse des couts de l’énergie et de son impact récessionniste, malgré les mesures fiscales prises par les états pour limiter l’impact sur le consommateur. En Chine, la politique 0 Covid se traduit déjà par une croissance très inférieures aux standards du pays. Donc, les marchés financiers sont déjà positionnés sur une anticipation de récession de l’économie mondiale. A voir si elle se produit quelle sera son ampleur. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

Conclusions opérationnelles

Cette phase particulière de marché où les bonnes nouvelles sont des mauvaises nouvelles ne change pas mon analyse générale : le consensus est déjà très négatif sur l’avenir, les niveaux de liquidités dans les portefeuilles sont élevés, les valorisations des segments défensifs des marchés actions me semblent très modérées et donc attractives. Mais, ne nous pressons pas pour racheter, cette phase particulière de marché peut durer….

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